Vous les entendez souvent, vous les lisez souvent : de nombreuses expressions, fautives, sont répétées et notre cerveau finit malheureusement par les enregistrer.
En voici quelques-unes, fréquemment rencontrées dans les travaux, les courriels et autres communications écrites ou orales.
Mettre l’emphase
Cette erreur est pratiquement devenue un classique et elle s’immisce de plus en plus dans l’usage. On le répète pourtant souvent : on ne « met pas l’emphase » sur quelque chose, mais l’accent. « Emphase » n’en est pas moins un mot français : il s’agit d’une « manière exagérée de parler ou d’écrire ». Il est donc tout à fait possible de parler avec emphase.
Pour en savoir plus, consultez l’article de la BDL portant sur le sujet!
Voire même
L’expression « voire même » est un pléonasme, « voire » ayant le même sens que « même ». Par ailleurs, « voire » est un adverbe et s’écrit avec un « e », contrairement au verbe « voir » qui se termine par la lettre « r ». Ainsi, vous pourriez dire : « La situation actuelle est inédite, voire troublante. »
Pour plus de détails, cliquez ici!
Au niveau de
Pour utiliser les « niveaux », il faut que la réalité dont on parle comporte une dimension graduée, comme c’est le cas des niveaux scolaires par exemple, des niveaux de pH dans la piscine, etc. Lorsqu’on parle d’une réalité qu’on ne peut classer sur une échelle graduée, on privilégiera la locution « sur le plan de ». Par exemple, on dira : la zoothérapie peut être bénéfique sur le plan psychologique.
Si vous utilisez rarement la formule « sur le plan de », apprenez-en plus en cliquant ici.
Prendre pour acquis
Il s’agit d’un anglicisme! En français, on « tient pour acquis », tout simplement.
Voyez ce que la BDL en dit!
Adresser les problèmes
Cette expression, qui me fait personnellement frissonner d’horreur, est devenue la chouchoute d’un grand nombre de personnes depuis quelques années. Pourtant, il s’agit d’un calque de l’anglais! On peut faire toutes sortes de choses avec les problèmes : les attaquer, les aborder, y réfléchir… mais pas les adresser. Par ailleurs, on peut s’adresser à quelqu’un, on peut adresser un compliment à notre mère, on peut adresser une question au ministre… Il y a plusieurs possibilités, parmi lesquelles ne se trouve pas « adresser les problèmes »! Notez, au passage, que le verbe « adresser », en français, ne prend qu’un seul « d », contrairement à l’anglais. Pour tout savoir sur ce verbe, cliquez sur ce lien.
N’hésitez pas à corriger vos textes à l’aide d’Antidote : en plus de vos fautes d’orthographe, de grammaire et de ponctuation, il détecte aussi ce type d’erreurs, d’impropriétés ou d’anglicismes… Ce logiciel est un excellent soutien à la rédaction… et non un « support » ! En effet, dans un tel contexte, l’utilisation de « support » est fautive. On peut supporter une colonne, un sac trop lourd, le poids de la vie, etc., mais on soutient psychologiquement un ami.
D’autres expressions fautives vous horripilent-elles? Envoyez-les-moi à l’adresse suivante : agingras@cegepsl.qc.ca
À propos de l’auteure
Annie Gingras est enseignante de littérature au département de français du cégep de Saint-Laurent depuis une quinzaine d’années. Elle affectionne la littérature contemporaine et s’intéresse beaucoup à la bande dessinée. Responsable de la valorisation de la langue au collège depuis quelques années, elle cherche à mieux comprendre comment soutenir les étudiants en difficulté en lecture et en écriture dans toutes les disciplines, entre autres en trouvant des stratégies pour améliorer leur niveau de littératie.
Sur une île déserte, elle apporterait certainement Les Hauts de Hurlevent de Brontë, les romans de Baricco, quelques bandes dessinées, Le jardinier-maraîcher de Jean-Martin Fortier et une pelle… Parce qu’il faut bien savoir allier ses passions littéraires et son côté pratico-pratique!